Galerie Kevorkian

Objet du mois

Yoginis méditant au clair de lune

Page d’album biface comportant une miniature au recto, une calligraphie au verso.
Gouache sur papier monté sur page d’album cartonnée grise.
Calligraphie nasta'liq au verso.

Yoginis méditant au clair de lune

Gouache et or sur papier.

Quatre yoginis sont assises sur des nattes et une peau de tigre devant une hutte, près d’un étang bordé de rochers, sous un ciel nocturne éclairé par un croissant de lune. L’une joue avec ses chapelets, l’autre s’appuie sur une canne d’ascète, la troisième est assise dans la posture royale (maharaja lilasana), son coude reposant sur son genou levé, et la quatrième fume un huqqah, ses genoux regroupés et liés en posture de méditation. Au centre, une cinquième yogini se tient debout, appuyée sur une balançoire suspendue à un arbre.

Les cinq femmes ascètes sont habillées d’amples robes roses et arborent les attributs du shivaïsme : le rudraksha (chapelet traditionnel de perles de baies séchées noires) et les marques de cendre étalées autour d’un point rouge sur le front. Leurs cheveux attachés en chignon ou lâchés sont couverts de cendres, à l’exception de ceux de la yogini debout, suggérant qu’elle est une novice en cours d’initiation.

Inde, Deccan, circa 1700.

Verso Page d’album

Quatrain persan en graphie nasta’liq sur quatre lignes obliques dans des cartouches nuagés ​​sur fond d’or, agrémenté de deux écoinçons enluminés, celui du bas portant la signature de Muhammad Latif al-Tabrizi.

Perse, Safavide, XVIe siècle.

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Gouache et or sur papier
Circa 1700
Peinture : 16,8 x 13,5 cm
Page : 40,5 x 26,7 cm
Collection privée française

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Références bibliographiques

Ahuja, Naman P., The Body in Indian Art and Thought, Ludion, Europalia, Bruxelles, 2013.
Falk, T., and Archer, M., Indian Miniatures in the India Office Library, Sotheby Parke Bernet, Londres, 1981.
Diamond, D., Yoga: The Art of Transformation, Arthur M. Sackler Gallery, Washington, DC, 2013.
Zebrowski, M., Deccani Painting, Sothebys, Londres, 1983.

Notes

L’un des aspects saisissants de la peinture du Deccan est l’inclination, aussi bien de la part des mécènes que de celle des artistes, pour le thème du mysticisme, que ce soit dans la représentation des saints et des derviches soufis, ou des yoginis, ascètes féminines affiliées au culte Natha du Shivaïsme. Les sultanats du Deccan, principalement chiites, manifestaient une fascination pour l’image de la yogini mystique, chargée d’une grâce féminine hypnotique. À la fin du XVIIe siècle, ces images étaient devenues un thème récurrent de la peinture du Deccan. À l’origine, elles étaient représentées les cheveux tirés en forme de chignon haut, mais portant le costume masculin du chakdar jama (manteau à quatre pans en pointes), comme la célèbre yogini de Bilaspur, datée de c.1610 et conservée à la Chester Beatty Library de Dublin (Zebrowski 1983, pl. Xii). Par la suite, c’est dotées de tous les atours de la féminité qu’elles ont continué à être représentées, mais contrairement aux thèmes traditionnels de la peinture du Deccan montrant des femmes à leur toilette ou attendant de retrouver leur amant, elles forment dans cette iconographie un groupe autonome, de femmes totalement affranchies de l’influence masculine et abandonnées à leurs propres questionnements et méditations. De telles peintures – dont beaucoup représentent une yogini debout appuyée sur une balançoire – ont eu une influence considérable sur la peinture moghole du Nord, notamment sur les écoles mogholes provinciales du XVIIIe siècle d’Oudh et de Murshidabad.

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    Yoginis méditant au clair de lune

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